Marée basse. Les eaux ont quitté l'estey. En silence, la "rivière", comme l'on dit ici, glisse aux pieds des carrelets. Coulée métallique, polie par la lumière blanche et brumeuse du matin. Sur la rive, les ombelles des fenouils sauvages et les roseaux dessinent des dentelles à l'encre de chine...
Les vagues s'enivrent de vent. Les nuages se bousculent. Les ailes virevoltent sur l'océan. L'écume s'échappe à toute vitesse sur l'estran. Les promeneurs s'amusent des embruns...
Sur les chemins verts, près de l'abbaye, des nefs de chênes et de pins. Point de moines en prière sur la sente. Mais le silence est là. Les chants du geai, du merle et du coucou aussi. Des chemins pour méditer...
Pas très loin des rangs, l'étang; regarde, bleues demoiselles, rouges coquelicots et roses lotus. Courageuse persévérance, fragile résilience. Apprend et surtout retient.
Entre vigne et marais, le chemin serpente dans le sous-bois. Merles, mésanges et autres pinsons bavardent bruyamment. Le coucou se distingue. La frondaison invente des verts et des formes improbables. Le regard s'enivre d'une profusion de détails, d'ombre et de lumière. Des corbeilles nuptiales de cerfeuil des bois et d'hydrangéas sauvages accompagnent le pas du marcheur qui se grise du parfum d'aubépine. Un chemin de fête...