Dans la trop longue grisaille, les chemins abandonnés. Et puis une éclaircie. Les nuages s'effilochent. Du bleu, plus de bleus. Sur la plage des flaques de ciel, le monde autrement, l'évasion, des visions...
Pas un souffle de vent. Pas un bruit. Silencieuse, la "rivière" gonflée des dernières pluies glisse lourdement aux pieds des carrelets. Pas âme qui vive dans les rangs. Après avoir fait la fête, ivres des dernières vendanges, les vignes s'endorment pour un long moment...
Pressées d'arriver au rivage, les vagues se poursuivent sans relâche. Sur la crête des dunes, les oyats sont comme fous. Par à-coups le vent mugissant efface et redessine les cambrures de sable...
Du côté de l'estuaire les bleus de la nuit se dissipent en changeant de couleur. En silence, une trainée de nuages se gonfle peu à peu d'une lumière corail. Au loin, le murmure d'une vendangeuse qui retrouve ses rangs. Un corbeau croasse. Douze minutes entre la nuit et le jour qui se lève pour une nouvelle journée de vendange...
Au bout de la rue, l'océan. La lumière orange du couchant attire les promeneurs du soir. Un ciel fauve s'accroche à la flaque laissée par l'orage. On s'installe sur les bancs du front de mer, comme au cinéma. Pas un mot, de peur que la magie disparaisse.
Le ciel chauffé à blanc, les nuages s'efface sur une page blanche. Blanc, l'océan s'étale lourdement. Blanc, le bateau glisse en silence sur l'horizon. Au bord de la plage la vague s'affale pesamment. Inquiète, la mouette se demande ce qu'il se passe..
Entre l'estuaire et l'océan, la lumière dorée du soir coule dans les marais. Le soleil passe lentement de l'autre côté, les aigrettes gagnent leur dortoirs. L'été s'échappe sur les autoroutes. La douce mélancolie des premiers soirs de septembre..